Bénin : À quelques mois des élections générales, entre attentes démocratiques et enjeux de stabilité

Bénin : À quelques mois des élections générales, entre attentes démocratiques et enjeux de stabilité

Bénin : À quelques mois des élections générales, entre attentes démocratiques et enjeux de stabilité

À quelques mois des élections générales de 2026, le Bénin entre dans une période charnière de son histoire politique récente. Après plusieurs années de réformes électorales controversées, de recomposition du paysage partisan et de tensions autour des libertés publiques, les scrutins à venir (présidentiel, législatif et communal) suscitent à la fois espoirs, incertitudes et vigilance citoyenne.

Depuis 2019, la vie politique béninoise a connu des mutations profondes, parfois brutales. L’introduction du système de parrainage, les exigences de représentativité pour les partis, et la nouvelle charte des partis politiques ont abouti à une forte concentration du pouvoir, marginalisant une partie de l’opposition. Les élections législatives de 2019 puis les présidentielles de 2021 ont été marquées par une participation réduite et une polarisation accrue.

En 2023, les élections législatives ont permis un retour symbolique de l’opposition à l’Assemblée nationale, avec la présence du parti Les Démocrates. Ce signal a été perçu comme une légère ouverture du jeu démocratique, mais beaucoup reste à faire pour restaurer pleinement la confiance entre les citoyens, les institutions et la classe politique.

Le pouvoir en place face au défi de la transition

Le président Patrice Talon, au pouvoir depuis 2016, achève son second mandat constitutionnel. Il a réaffirmé à plusieurs reprises ne pas vouloir briguer un troisième mandat, conformément à la Constitution. Cette position sera cruciale pour la crédibilité du processus électoral et la stabilité du pays.

Mais la question centrale demeure : qui lui succédera ? À l’intérieur de son camp, les spéculations vont bon train sur les potentiels dauphins. Plusieurs figures politiques de la mouvance présidentielle se positionnent discrètement, tandis que l’opposition cherche à se structurer autour d’une candidature forte et consensuelle, capable de fédérer au-delà des clivages classiques.

Une société civile vigilante, mais fragmentée

Malgré des restrictions parfois sévères sur les manifestations, la société civile béninoise continue de jouer un rôle d’alerte. Des organisations indépendantes, des journalistes, des universitaires et des acteurs religieux appellent à un scrutin inclusif, transparent et pacifique.

Cependant, leur impact est limité par des divisions internes et une marge de manœuvre souvent restreinte dans un espace civique perçu comme resserré. À cela s’ajoute une jeunesse désabusée, qui peine à s’identifier aux leaders politiques actuels, malgré son poids démographique.

Les grands défis à l’horizon

Les enjeux des élections de 2026 vont bien au-delà des urnes. Ils touchent à des questions fondamentales :

  • L’indépendance de la justice et le respect des droits fondamentaux ;
  • La réforme du système partisan, encore jugé artificiellement verrouillé ;
  • L’équité dans l’accès aux médias publics, souvent critiquée ;
  • La transparence du processus électoral, avec une CENA et une Cour constitutionnelle sous étroite surveillance ;
  • Et surtout, la capacité des institutions à garantir une alternance apaisée et crédible.

Vers quel avenir démocratique ?

Le Bénin, longtemps considéré comme un modèle démocratique en Afrique de l’Ouest, joue gros en 2026. Dans un contexte régional marqué par les coups d’État, les transitions militaires ou les mandats prolongés, il a l’occasion de réaffirmer sa singularité en organisant des élections ouvertes, pluralistes et acceptées par tous.

Mais cela exige une volonté politique claire, un engagement sincère des acteurs politiques à respecter les règles du jeu, et une mobilisation citoyenne massive pour que le scrutin ne soit pas une simple formalité institutionnelle, mais un véritable moment de choix collectif.

Les mois à venir seront décisifs. Le Bénin est à la croisée des chemins : soit il consolide son socle démocratique, soit il s’enlise dans une démocratie de façade. Aux acteurs politiques, mais aussi aux citoyens, de tracer la voie.

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eminence

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